Clignotement n°0
Observation du vendredi 11 février 2011 à 11h11

© Eva Truffaut

Eva, ce matin sur son blog...




Clignotement n°1
Observation du dimanche 13 février 2011 à 11h11

"L’authenticité du poème consisterait à serrer au plus près l’image entrevue à la lueur d’un éclair, perpetuellement fuyante juste en deçà, ou au-delà du champ de l’attention, ce serait une course à ciel ouvert."
Denis Roche, La poésie est inadmissible, oeuvres poétiques complètes, Coll. Fiction & Cie Éd. du Seuil, Paris 1995, p. 54


Denis Roche, Les idées centésimales de Miss Élanize, treize poèmes, Oeuvres poétiques complètes, Ed. cit. p 215.
Servir avec le Quatuor n° 7 en Fa majeur op. 59 N°.1 de L.V. Beethoven




Clignotement n°2
Observation du dimanche 13 février 2011 à 12h

Le mouton et le lion

“Tu es un fauve dangereux”, dit le MOUTON au LION “ si bien que les hommes te poursuivent avec les fusils. Moi qui suis non violent, ils ne me chassent pas.”
“Ils n’ont pas besoin, répondit le Fils du désert ; ils peuvent faire l’élevage.”
Ambrose Bierce, Fables fantastiques, Éd. Rivages, Evreux, 1995




Clignotement-écho n°3
Observation du dimanche 13 fevrier 2011 à 14h02

Magnifique : (adj.) De grandeur ou de splendeur supérieures à celles auxquelles l’observateur est accoutumé : par exemple un lapin avec des oreilles d’âne ou un ver avec une lumière de luciole.
Ambrose Bierce, Le dictionnaire du diable




Clignotement n°4
Observation du vendredi 04 février 2011 à 08h45

F : “Si j’évoque avec toi les lucioles, c’est que j’imagine que tu as eu à faire avec elles et que tu as un souvenir à me raconter...”

Gilles Clément : “Il y a les vers luisants et les lucioles, les vers luisants sont, si ma mémoire ne fait pas défaut, les femelles - mais il faudrait vérifier tout cela, parce que il est possible que j’aie oublié - les femelles de l’insecte qui attirent le mâle ; elles sont par terre, on les voit luire dans le sol. Alors que les lucioles nous charment évidemment depuis toujours par leur vol. Il faut que je te raconte: j’avais vu sous les tropiques - ça c’était absolument merveilleux - des lucioles dont je ne connais pas le nom, donc des espèces tropicales, qui volaient au dessus des rivières... Et alors elles y étaient par centaines, par milliers probablement... ce qui fait qu’on les voyait comme ça, et après tout d’un coup … toc … elles s’éteignent, - toutes ensemble ! - et … toc … elles se réallument - toutes ensemble! - elles me laissèrent bouche bée par leur capacité de se synchroniser, comme les étourneaux au dessus de Rome, d’ailleurs, je ne sais pas si tu les connais … quand on les voit faire tous ensemble des mouvements . Et c’est le même genre de synchronisation animale, qui se fait au millionième de seconde près ... et c’est absolument extraordinaire.
Mais bon ça c’est des lucioles tropicales, des lucioles de Bali , si on arrivait à se faire financer un voyage à Bali, on irait étudier les lucioles la nuit, synchrones avec elles sous les ciels du tropique”
Fragment d’un entretien au petit matin au Lycée Agricole de Tarbes

N.B.
Le Lampyre ou Ver luisant (Lampyris noctiluca) n'est pas un ver : comme les autres lucioles, c'est un insecte coléoptère.
Le mot vient du latin lampyris qui vient lui-même du grec λαμπειν, "briller".
Ce sont les femelles de ces coléoptères que l'on trouve très facilement, les nuits d'été, grâce à leur postérieur lumineux. Elles mesurent environ 1,5 à 2 cm. Leur corps est ovale, segmenté, mou et aplati, dans les tons bruns. C'est à cet aspect larvaire que l'on doit l'appellation de "ver" luisant.
[...]
Les femelles émettent cette lumière pour attirer les mâles qui, eux, sont pourvus d'ailes, et donc plus mobiles.
Dans les régions densément peuplées par l'homme, la pollution lumineuse nocturne semble être un des facteurs de diminution des populations de lampyres, en empêchant les mâles de trouver les femelles.




Clignotement n°5
Observation du dimanche 13 février 2011 à 14h45

Clin d’oeil en surfant sur internet, moi aussi j’aimais ces lucioles, plus encore que les jouets des céréales.

“A l'époque, Bonux mettait des lucioles phosphorescentes dans ses paquets de lessive. Je me rappelle que la collection était impressionnante. C'était toujours une fête de découvrir cette luciole au fond du paquet.

C'est une époque un peu révolue d'une enfance insouciante, loin des considérations consuméristes qui nous sautent aux yeux aujourd'hui parce que le coup des lucioles, c'est quand même un sacré coup marketing pour vendre de la lessive qui ne lave pas mieux que sa voisine.
Sans le cynisme, j'écraserais presque une larme en repensant à cette époque bénie où l'on créait tout un monde avec mon frère dans le garage de nos grands parents.

Vivent les lucioles qui brillent la nuit.”





Clignotement n° 6
Observation de 2009 réapparue dimanche 13 février 2011, 15h




Wanda, Barbara Loden, long métrage, 102 minutes.

Le scintillement du personnage de Wanda au début du film, sa fragilité et sa détermination, correspond bien à l'image d' une luciole.

Ce qui peut paraître de prime abord comme une facilité révèle en fait une authentique volonté, farouche et affirmée d’indépendance.

Wanda est un personnage luciole qui s'efforce de survivre comme une lueur dans la luce de son époque, elle est une "petite lueur de la vérité", malgré son histoire chaotique qui tenterait de la faire disparaître.
Elle me renvoie à la définition de la luciole comme étant "espace interstitiel, intermittent, improbablement situé ; des ouvertures, des possibles, des malgré tout."
Le film est lui-même l'apparition d' une luciole, puisqu' il est l'unique film de Barbara Loden.





Clignotement n°7
Observation du Dimanche 13 fevrier à 19h09





















Emmanuel Hocquard, Conditions de lumière, Élégies p.13 et p.78, P.O.L, 2007




Clignotement n°8
Observation du lundi 14 février à 10h34

Dans la corolle d’un lis, il y a une ombre qui rend la fleur plus blanche. J’ai posé ma bouche sur cette ombre et j’ai respiré jusqu’à m’étourdir. Je me suis endormie ce matin qui est lundi.
Michelangelo Antonioni, Ce bowling sur le Tibre, "Dans la corolle d’un lis", Images modernes, Paris, 2004




Clignotement n°9
Observation du lundi 14 à 12h49



Le personnage de Gunther Strobbe dans le film La merditude des choses de Felix Van Groeningen, Déc 2009.

Enfermé dans un village Flamand le jeune Gunter est condammé à suivre la voie peu glorieuse de son père et de ses oncles car il en est ainsi. Beuveries, sexe à outrance et “beaufitude” sont sa destinée.
Et pourtant le personnage parviendra malgré ces lumières écrasantes à changer son destin, à devenir cette luciole qui le mènera sur d’autres chemins.




Clignotement n°10
Observation du 14 février à 19h55


À la fin de L'Eclipse d'Antonioni, la dernière séquence s'attarde sur tous les lieux, les figurants et les immeubles qu'ont croisé les protagonistes pendant le film mais cette fois ci sans leur présence. Ces plans successifs sont comme des apparitions, des restes (survivances) auxquels on prête enfin attention. Une fois Piero et Vittoria disparus on voit exister tout cet environnement qui jusque là nous était presque invisible.

N.B. Antonioni a tourné son film à Rome dans le quartier de l'EUR, quartier construit sous Mussolini qui aussi a servi comme village olympique en 1960.

Scène finale :



Clignotement n°11
Observation du 14 février à 20h15



De nouveau dans L'Eclipse d'Antonioni, une longue scène se déroule à l’intérieur de la bourse de Rome. C’est un endroit extrêmement bruyant, chaotique où tout le monde hurle pour vendre ou acheter des actions. L’argent qui circule sans cesse et à toute vitesse électrise l’air. Soudain pour honorer la mémoire d’un mort, on décrète une minute de silence. C’est à cet unique moment que les deux personnages, Piero et Vittoria se parlent enfin pour la première fois. Durant ce court moment de répit, ils ont à peine le temps de se chuchoter quelques mots que le vacarme de la bourse reprend.

Finalement, c’est à ce seul instant de silence où leur voix ne sont pas écrasées par le bruit que ces deux êtres commencent à se rapprocher.


Musique du générique de début du film (ne pas faire attention aux images du clip, elles ne correspondent pas du tout aux images du film !) :





Clignotement n°12
Observation du 14 février à 21h04




Clignotement n°13
Observation du 14 février à 21h46

Je retrouve une vieille photo :

Portraits de la Vierge et Donald en lucioles




Clignotement n°13
Observation du 14 février à 22h26

Le jardin d’Eden est-il voué à disparaître, ou le paradis est-il visible n’importe où ?

1er regard :

Nature's first green is gold,
Her hardest hue to hold.
Her early leaf's a flower;
But only so an hour.
Then leaf subsides to leaf.
So Eden sank to grief,
So dawn goes down to day.
Nothing gold can stay.
Robert Frost


2ème regard :

As I was wandering with my unhappy thoughts
I looked and saw
that I have come into a sunny place
familiar and yet strange.
“Where am I ?” I asked a stranger. “Paradise.”
“Can this be paradise ?” I asked surprised.
for there were motor-cars and factories.
“It is”, he answered. “This is the sun that shone on Adam once,
the very wind that blew upon him, too.”
Charles Reznikoff




Clignotement n°14
Observation du 15 février à 09h34

Hommage matinal à B.

Origine du drame moderne italien, 2006




Clignotement n°15
Observation du 15 février à 13h19

Photographie de luciole prise par un ami à Caubous en juillet 2010





Clignotement n°16
Observation du 15 février 13h26

Télésouvenir, Huile sur toile, Déchets nucléaires, 2010




Clignotement n°17
Observation du 15 février à 13h45

Lawrence Weiner
Gloss white lacquer, sprayed for 2 minutes at 40lb pressure directly on the floor, 1968

Language + the materials referred to, 2010




Clignotement n°18
Observation du 17 février à 09h52

“Prendere lucciole per lanterne” : une expression italienne dont j’ignore s’il existe ou pas une traduction française littérale...

“se méprendre, tomber en erreur”




Clignotement n°19
Observation de 1997 réapparue le 14 février

Le jour de l’aïd el kebir – qui est aussi le jour du sacrifice du mouton – est fixé des l’annonce de la vision de la nouvelle lune.

Nous devons caresser l’ animal (souvent les enfants) durant de longues minutes avant de pouvoir le sacrifier, pour que la chair ne soit pas nerveuse. En cet instant l’animal est n’en est plus un, c’est une fourrure, quelque chose de doux. Il est ce que nous chérissons, presque notre égal.



Puis vient le moment du sacrifice, en cet instant il y a comme un filtre qui s’impose a notre oeil.
Les derniers moments de vie de la bête s’échappent et c’est à cet instant que l’animal récupère son statut dans sa totalité.


Ni avant ni après : c’est ce laps de temps de mort qui permet a l’homme de voir la naissance d’une vérité.

La capacité de voir une luciole implique-t-elle la mort de quelque chose ?




Clignotement n°20
Observation de 2001 réapparue en octobre 2011

Le Tombeau des Lucioles, Isao Takahata, film d’animation, 1988

Issu de la nouvelle semi autobiographique écrite en 1967 par Akiyuki Nosaka
La traduction japonaise est “La tombe des gouttes de feu”.

C’est l’histoire de deux enfants, un garçon et sa petite soeur, pendant la seconde guerre mondiale au Japon.
Ils s’éloignent de la ville pour vivre dans un abri loin de tout, quand la nuit tombe les lucioles se mettent a briller... À cet instant leur environnement change et leur vision de la vie aussi, comme si en brillant les lucioles les faisaient briller aussi.
Comme si le fait de vivre dans l’adversité permettait une sensibilité de l’oeil plus accrue...
Pour moi ce film est une mise en abîme de pleins de lucioles :
- celles de la guerre
- celles qui animent la volonté d’un enfant de vouloir faire survivre sa soeur
- le fait que le réalisateur dénonce l’aveuglement des Etats Unis et du Japon dans cette guerre
Et que la chose qui compte dans ce film c’est les victimes et donc les lucioles.

Il y a un passage où les enfants capturent des lucioles pour les relâcher dans leur abri... peut être est-ce ce que nous allons faire à Rome pour les libérer ici ?




Clignotement n°21
Observation du 17 février à 14h58

Francesca Woodman (en ver luisant?)







Clignotement n°22
Observation du 17 février à 14h14

Claire dit : Revivance des survols ?